La tyramine
Pour finir sur les interactions pharmacodynamiques, prenons un autre exemple intéressant avec l'interaction entre le fromage et les inhibiteurs de monoamine oxydase[2]. En effet, les aliments fermentés comme le fromage mais aussi certaines boissons comme le vin ou la bière sont riche en tyramine.
La tyramine est un précurseur de catécholamines qui sont des vasoconstricteurs endogènes. Elle est principalement dégradée par une enzyme, la monoamine oxydase A. Les inhibiteurs de monoamines oxydases, moclobémide[3] et iproniazide[4], sont des antidépresseurs qui vont dégrader les amines endogènes et alimentaires dont la monoamine oxydase A, responsable de la dégradation de la tyramine. Cette inhibition entraîne donc une augmentation de la synthèse des catécholamines pouvant provoquer une crise hypertensive.
Une consommation de 6 mg de tyramine en même temps que la prise d'inhibiteurs de monoamine oxydase peut produire une crise légère mais non risquée et une consommation plus importante de 10 à 25 mg de tyramine peut conduire jusqu'à des maux de têtes sévères.
La plupart de la nourriture riche en tyramine, comme les fromages fermentés, ne contiennent pas plus de 250 mg/kg de tyramine. Une portion de 100g de ce genre de fromage pourrait être consommée sans risque par les patients sous inhibiteurs de monoamine oxydase.
Mais les quantités de tyramine pouvant provoquer une augmentation de la pression artérielle sont différentes pour chaque individu et dans certains cas même une quantité peu élevé cause une réaction.
Un article[6] suggère de maintenir un apport en tyramine inférieur à 5 mg, de conseiller aux patients la consommation d'aliments frais et de continuer ce régime jusqu'à quatre semaines après l'arrêt du traitement par inhibiteurs de monoamine oxydase quels qu'ils soient.