Le pamplemousse et l'orange de Séville

Parmi les interactions pharmacocinétiques modifiant le métabolisme des médicaments, l'exemple le plus connu concerne le pamplemousse sous toutes ses formes, célèbre inhibiteur de cytochrome P450[2]3A4. Son action peut entraîner l'augmentation de la biodisponibilité et de la concentration des médicaments substrats du CYP3A4 avec un risque d'augmentation des effets indésirables.

Plusieurs médicaments sont à risque. Parmi eux, la classe des statines, médicaments hypocholestérolémiants qui ne sont pas tous égaux vis-à-vis de l'action du pamplemousse. En effet, la biodisponibilité de la simvastatine[3] et de l' atorvastatine[4] peuvent être augmentée respectivement de 1500% et 200% par une simple consommation de 200mL de jus de pamplemousse et des cas de rhabdomyolyses ont aussi été rapportés. Mais la pravastatine et la fluvastatine ne sont pas concernées par cette interaction car elles ne sont pas exclusivement métabolisés par le CYP3A4.

Les immunosuppresseurs comme le tacrolimus[5] et la ciclosporine subissent également les effets du pamplemousse lors du métabolisme où une augmentation de leur biodisponibilité a aussi été observée . La ciclosporine[6] a été testée avec un autre fruit, l'orange de Séville de composition proche du pamplemousse. Les oranges de Séville n'ont pas d'effet sur le métabolisme de la ciclosporine car elles agissent sélectivement sur le CYP3A4 or la ciclosporine est dépendante d'une voie d'élimination en plus du CYP3A4, la P-glycoprotéine également sensible au pamplemousse.

Le pamplemousse peut inhiber la formation de métabolite[7] issu de l'action du CYP3A4 sur les médicaments comme c'est le cas pour l' amiodarone[8], un antiarythmique. L'inhibition entraine un dépassement des concentrations thérapeutiques de l'amiodarone qui pourrait avoir des conséquences importantes chez les patients souffrant de troubles du rythme ou de la conduction.